jeudi 29 août 2013

A Mâcon, expulsion d' une famille Rom du Kosovo

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Jouets abandonnés par les enfants,
lors de l'expulsion.
Autour de la famille, les associations s'indignent et dénoncent

Une famille du Kosovo qui séjournait au camping de Mâcon après avoir vécu deux mois dans le square de la Paix (macon-infos avait révélé cette situation tragique il y a quelques jours) a été embarquée par la police ce matin vers 8h direction l'aéroport de Lyon, pour la Belgique, pays par lequel elle était arrivée et qui avait refusé leurs demandes d'asile. "Cette famille est menacée de mort dans son pays, ce qui se passe pour elle est dramatique." Elle était sommée de quitter le territoire français au 24 août. 

Les associations RESF, LDH et AIAPEC ont tenu à réagir à cette reconduite.

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Comité de soutien aux familles expulsées


Communiqué
Le Réseau Education Sans frontières de Mâcon-Cluny est fier d’avoir soutenu et accompagné depuis début août la famille MUSTAFA, Riza, Ibadete, et leurs filles : Sabera, 12 ans, Milena, 10 ans, Nikoleta, 8 ans, Medina, 5 ans, et Skurta, 4 ans, qui survivaient depuis 2 mois au Square de la Paix, dans l’insécurité et l’insalubrité.
Cette famille Rrom était arrivée du Kosovo en Belgique, où ses demandes d’asile furent refusées. Elle a fui en France, mais la France a appliqué les accords de Dublin II et leur a notifié une demande de réadmission en Belgique.
Les parents ont adressé un recours gracieux au Préfet de Saône et Loire. Ce recours a été reçu le 26 août, il y a deux jours. Il était argumenté et motivé, par ce qui les fait fuir le Kosovo (le Kosovo n’est pas un « pays sûr » ici), et par la question des enfants et leur droit à l’instruction. Mais la Préfecture a envoyé ce matin les forces de l’ordre au camping municipal, où la famille se trouvait depuis 10 jours. Deux fourgons de police pour une famille nombreuse qui ne pouvait ni fuir ni se cacher. 10 mn pour réveiller les enfants, rassembler les affaires. Expulsion.
La Préfecture n’a pas examiné ce recours.
La Préfecture n’a pas pris quelques jours pour répondre à ces gens.
Le message est clair : pas de discussion.
Ce message ne vise pas seulement les Rroms, il vise chacun d’entre nous.
En l’espèce, les associations qui ont rencontré les 5 enfants s’étaient engagées à les suivre, pour permettre leur scolarisation, car ces fillettes n’ont pas pu être scolarisées dans leur pays d’origine, et ne le seront pas davantage désormais. Or priver 5 enfants d’accès à l’éducation, c’est barrer leur avenir.
Tous ces éléments auraient pu être débattus et examinés.
Ils ne l’ont pas été, et c’est inique, injuste, au regard d’un principe élémentaire : un être humain, quelle que soit son origine, ne saurait être ramené à une condition animale, sans que cela mette en danger l’ensemble d’une population.
Or la « gestion gestionnaire » statistique entraîne cela, immanquablement : on gère du bétail.
Il est urgent de réformer le CESEDA (Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile, créé de toutes pièces en 2004). Ce code, voté sous un gouvernement de droite et appliqué à la lettre par le gouvernement de gauche, fabrique essentiellement drames et injustices (rappel : des lois existaient avant, et les politiques de régulation de l’immigration aussi), et entre en contradiction totale avec les valeurs humanistes que la République française dit défendre.
Que laissons-nous aux cinq fillettes qui ne retourneront pas à l’école ?
Que transmettons-nous à nos propres enfants ?
Le réseau Education Sans Frontières de Mâcon-Cluny est fier d’avoir rencontré des gens formidables, de les avoir regardés avec des yeux d’hommes. Les fonctionnaires de l’Etat le seraient aussi, fiers, s’ils n’étaient pas soumis à un traitement purement administratif des dossiers qui en matière de droits des étrangers, comme dans tous les secteurs où il s’applique génère souffrance, incompréhension et injustices.
Monsieur le Préfet, derrière les dossiers, il y a des familles, des parents, des enfants.

Pour plus d' information :
Macon Infos

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