vendredi 16 août 2013

Incendie à Vaulx-en-Velin : le laxisme des pouvoirs publics

Après un incendie et des manifestations de riverains hostiles aux Roms, le campement de Vaulx-en-Velin, près de Lyon, a été incendié puis évacué sans qu'aucun relogement n'ait été proposé aux familles de victimes.
Le campement de Vaulx-en-Velin,
au lendemain de l'incendie
A l'initiative d'associations de riverains, plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées mardi 13 août, pour protester contre l'installation d'un camp de Roms dans le quartier depuis octobre 2012. Ces demandent l'exécution immédiate de la procédure d'évacuation du camp, et annoncent qu'ils renouvelleront l'opération toutes les semaines jusqu'au départ du camp. Des membres d'une association de soutien aux Roms, se sont eux rassemblés juste en face, provoquant quelques tensions sans heurt.
Deux jours plus tard, le 15 août, un incendie a partiellement détruit un camp de Roms, sans faire de victimes, a-t-on appris auprès des pompiers et du maire de la commune. Selon le maire de Vaulx-en-Velin, Bernard Genin (PCF), qui s'est rendu sur place, une bagarre entre des occupants de ce camp de 5.000 m2 serait à l'origine du sinistre.
L'incendie n'a pas fait de victimes, mais ravagé en partie un campement officiellement occupé par 300 à 400 Roms.
Le feu, qui a détruit près de la moitié des cabanons de bois, s'est déclaré vers 13h30. Moins de deux heures plus tard, il était en voie d'extinction et les pompiers continuaient à arroser les abris de fortune, pour éviter toute reprise des flammes, selon Bernard Genin.Quatre bus ont été réquisitionnés pour prendre en charge les occupants du camp dans l'attente d'une décision de relogement. "Les Roms ne pourront reprendre possession du camp et je ne veux pas ouvrir un local municipal pour refaire démarrer un nouveau camp", a encore ajouté le maire de Vaulx-en-Velin.
Le lendemain, 150 Roms étaient à la rue, sans qu’aucune solution d’hébergement ne leur soit proposée, a-t-on appris auprès d’Annie Dureux, militante associative. «Ils ont passé la nuit là où ils pouvaient, certains ont regagné le camp, mais d’autres qui avaient tout perdu ont erré toute la nuit », a déclaré à l’AFP cette paroissienne catholique, également militante du Réseau éducation sans frontières (Resf) et du Secours populaire. Sur les 350 Roms que comptait ce camp de 5 000 m2, 150 ont vu leur cabanon de bois détruit par le feu jeudi.
À leurs côtés dès jeudi soir, Annie Dureux a déploré n’avoir reçu «aucune aide de nulle part». «Nous avons cherché des hébergements pour les familles qui avaient des bébés de moins d’un an, dont un nouveau-né de 3 jours, pour finalement les caser dans des salles sans autorisation », a-t-elle raconté.

Il faut noter que Bernard Genin, maire de Vaulx-en-Velin, avait refusé dès jeudi d’ouvrir un local municipal pour les victimes de l’incendie, estimant que le préfet devait réquisitionner les lieux puisque la justice administrative avait, dans deux arrêtés distincts, ordonné les expulsions. Vendredi matin, la préfecture se refusait à tout commentaire et B.Genin n'est pas revenu sur son refus, laissant ainsi plusieurs centaines de personnes errer pour survivre dans les rues de sa commune.

Une semaine plus tard, le 23 août, le camp a été évacué par les forces de l'ordre. L'opération a débuté à l'aube, vers 06h30, sur deux terrains occupés par 223 adultes et 167 mineurs.
Les familles avec enfants de moins de trois ans seront relogées quelques nuits à l'hôtel, a précisé la préfecture du Rhône dans un communiqué. En oubliant d'indiquer qu'ensuite ces familles retourneraient à la rue, ou bien seraient incitées à quitter la France au plus vite.
"A partir de 9h, des bulldozers sont arrivés pour tout casser", a expliqué à Reuters Gilberte Renard, une militante de la Ligue des Droits de l'Homme.
"C'est pitoyable et scandaleux, pour nous c'est inhumain, surtout dans un pays comme la France. De voir des opérations de ce genre, ça nous rappelle des années noires", a réagi pour sa part Régis Charre, le curé de Vaulx-en-Velin.
"Plus de 300 personnes vivaient "dans des conditions dangereusement insalubres, sans eau potable ni sanitaire, au milieu des déchets", précise la préfecture du Rhône.
Cette opération d'évacuation a été menée suite à deux décisions de justice du 12 novembre 2012 et du 12 août 2012 à la demande des propriétaires des terrains, mais la circulaire inter-ministérielle d'août 2012, obligeant à un suivi social et sanitaire des familles n'a pas été appliquée.
Plusieurs liens pour en savoir plus :

1 commentaire:

  1. Je me souviens quand, en 2008, j'ai été invité - avec Dario et Matteo (EveryOne Group) - pour parler des Roms au siège de la Commission européenne à Rome. Certains députés ont assisté à la réunion. J'ai parlé de la condition des Roms en Italie et remis un dossier à la Commission. Quand j'ai défini «persécution» l'attitude des institutions envers les Roms, un eurodéputé allemand m'a interrompu et il a dit: «Non, nous ne permettons pas que l'Italie, un Etat membre de l'Ue, soit accusée de persécuter les Roms! Nous pouvons parler de l'inadéquation des procédures, mais pas de crimes contre l'humanité. J'ai protesté et la parlementaire Viktoria Moohacsi m'a soutenu. Pourtant, la Commission semblait outré par mon utilisation de mots forts, des mots qui n'étaient que la vérité. " Aujourd'hui, la France est témoin d'un phénomène qui est «persécution», sans aucun doute. Les expulsions sans solution humanitaire, les expulsions, l'incapacité à secourir les pauvres et innocents sont des actes de persécution. Roberto Malini

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